Gestion des émotions, Langage, Petite enfance, Lucie Brault Simard
Les jeunes enfants ne racontent pas de blagues
Pour trouver un propos amusant, il faut être capable de comprendre ce qui est dit au second degré, ce que le jeune enfant est incapable de faire.
Ce que nous trouvons drôle dans les propos d’un enfant, c’est la formulation qui est en fait un manque de compréhension d’un événement ou d’une situation. L’enfant ne veut en aucun cas nous faire rire. Il a tout simplement besoin qu’on lui donne l’information qui lui manque.
Quelques mots d’enfants
Julie (4 ans) qui regarde une photo : «Oh! Je le connais lui, ça fait au moins cinq ans !»
Qu’est-ce que ça veut dire «une année» pour un enfant de 4 ans ? Julie voulait tout simplement dire que ça faisait très longtemps.
Marc (3 ½ ans) qui tient un biscuit dans la main et qui regarde dehors : «Où ça pousse, maman les biscuits ?»
Il a bien compris que plusieurs aliments poussent dans la terre. Mais qu’en est-il des biscuits ?
Léa (4 ans) pendant l’été : «Maman, je voudrais voir Noël.»
Maman : «Mais Noël c’est encore loin, ma chérie.»
Léa, toute excitée : «Ah ! Bien, on va y aller en auto !»
Loin dans l’espace ou dans le temps ? Vu que la compréhension de l’espace s’acquiert plus rapidement que la notion de temps, il est normal que Léa ait fait cette erreur.
Louis (4 ans) qui regarde des quenouilles par la fenêtre de l’auto : «Regarde papa, le champ de pogo !»
C’est vrai qu’il y a ressemblance. Besoin d’explications Louis ?
Rire ou ne pas rire ?
Il est certain qu’il est parfois difficile de ne pas rire de ce que notre enfant dit. Mais, puisque le jeune enfant ne fait pas de blagues, il pourrait facilement se sentir incompris sinon ridiculisé de vous entendre rire. Il pourrait considérer que vous vous moquez de lui, sans en comprendre le motif. Encore plus si vous racontez ses propos à d’autres.
Quoi faire ?
- La première chose à faire est d’éviter de rire (mais vous pouvez rire dans votre barbe en regardant ailleurs).
- Puis, prenez le temps d’expliquer à l’enfant la notion incomprise, lorsque c’est possible, en utilisant des mots qui sont à sa portée. Par exemple : expliquez ce qu’est une quenouille; allez cueillir une quenouille et prenez le temps d’observer les différences qu’il y a avec un pogo; c’est fait avec quoi ou comment un pogo…)
- Ajoutez des exemples afin de rendre l’explication plus claire, lorsque c’est possible.
- Ensuite, posez des questions à l’enfant afin de vérifier si les informations ont bien été comprises.
- Par la suite, vous pourrez expliquer à l’enfant ce que vous avez trouvé de drôle dans ce qu’il a dit : «Je me suis imaginé en train de manger une quenouille. Je me suis dit que ce ne serait pas très bon».
Préserver son estime de soi et sa capacité à communiquer
En agissant de cette façon, vous venez d’augmenter les connaissances de votre enfant, sa capacité de communiquer efficacement tout en préservant son estime de soi et sa confiance en vous. De plus, en expliquant en quoi sa formulation était drôle, vous développerez chez lui une meilleure compréhension de la blague.
Alors, amusez-vous! Pas à ses dépens, mais avec lui !
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